jeudi 25 septembre 2008

Si le sport pouvait conduire à la lecture ...


Ce serait ce qu'on appelle une bonne nouvelle !












Un pari auquel Geneviève Brisac a décidé d'atteler une poignée d'auteurs de son écurie qui lui ont livré cinq bonnes nouvelles :

1. Les pongistes ne sont pas des tendres. Leur pratique sportive exalte l'hyperagressivité. Inconciliable pour Colas Gutman qui a autant horreur de gagner que de perdre Une partie de ping-pong, à moins de se situer sur le plan de la création artistique.

2. Il vaut mieux être très grand si on vise le Haut-niveau, ce que démontre Xavier-Laurent Petit, un mordu de montagne qui est souvent parti loin et en altitude.

3. Une midinette est aussi légitime à se rêver écrivain comme Florence Seyvos, chanteuse de variétés ou vedette sportive, au moins quelques semaines, par exemple pendant tout L'été de Marie-Jo Perec.

4. L'ennui est salutaire. Il est même productif pour peu qu'on ait deux heures devant soi. C'est juste le temps nécessaire à Ellen Willer pour écrire une nouvelle, spécialité dans laquelle elle est Championne du monde.

5. Le sport est un des rares domaines où l'ado pourra dépasser ses parents (sans devoir attendre d'avoir atteint l'âge adulte). Une bonne idée que Valérie Zenatti a saisi comme on rattrape Une balle perdue.

Pour connaître l'issue de ces histoires il faudra déguster le recueil ...

On ne pourra plus dire ensuite que les adolescents qui aiment le sport détestent la lecture et que ceux qui dévorent les livres exècrent le sport. Comme si sport et littérature ne pouvaient pas être bons amis !

En écrivant un peu moins long pour être lu sans trop d'effort, et en variant les styles, le sport devient un thème susceptible de tenter les "petits lecteurs" sans rebuter les dévoreurs de pages puisque ceux-là aiment tout, dès qu'il s'agit de choses écrites.

On pourra faire remarquer aux élèves de cycle 3 combien le métier d'éditrice a des points communs avec celui de coach : les deux sélectionnent, encouragent, poussent leurs poulains à se dépasser, réduisent leurs résistances, les félicitent sans lénifier. L'écriture est un exercice qui demeure individuel tout en pouvant s'inscrire dans le collectif.

On pourra aussi les faire réfléchir sur quelques divergences ou points communs entre sport et littérature, dont voici quelques-unes, sans prétendre à l'exhaustivité :

* Une histoire est régie par un suspense comparable à celui qui rythme un match. Révéler la fin d'un livre peut tuer son intérêt comme proclamer le score final ôte toute envie de voir une compétition enregistrée en vidéo en votre absence .

* Le sport est un alibi pour parler d'autre chose.

* Les femmes ont investi la littérature avant le sport. C'est un acquis féminin du XX° siècle. La première femme à l'Académie française n'a tout de même été élue qu'en 1980 !

* La mixité n’est cependant pas encore entrée dans les mœurs sportives. Cette idée est sans doute insupportable dans un domaine où l’idée de participer sans esprit de compétition est inconcevable, n’en déplaise à monsieur Pierre de Coubertin.

* Le sport s’accompagne d’entraînement. Ecrire aussi.

* On ne gagne pas par hasard. On ne naît pas non plus écrivain.

* Le sport canapé se comparerait-il à la littérature de salon ?

* Le principe de base selon lequel il ne pourrait pas y avoir de progrès en l’absence de compétition peut être transféré à la littérature : concourir pousse l’écrivain à se surpasser.

* Geneviève Brisac regrette qu’on ne puisse exercer un sport avec désinvolture. Mais pourrait-on écrire en dilettance ? Dans un blog peut-être …

* S’il est vrai que le sport ne serait pas littéraire, est-on sûr que la littérature n’est qu’un travail intellectuel ? Il me semble que c’est parfois « sportif ».

On pourra enfin tenter l'aventure du passage à l'écriture sans craindre de placer la barre trop haut. Il est frappant d'écouter les témoignages récents d'adultes louant l'exercice de la rédaction imposée. C'est à l'école que Daniel Pennac, Anne Fine, et Ellen Willer ont acquis le goût de l'écriture. Certes les cours de français ne produiront pas que des écrivains, tout comme des gymnases des collèges ne sortiront pas que des médaillés olympiques mais l'essentiel n'est -il pas de commencer ?

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