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lundi 12 mai 2008

TOUS LES CHATS SONT DANS LA NATURE

illustration reproduite avec l'autorisation d'Ilya Green

Ils étaient trois petits enfants qui s’en allaient à l’école en sautillant.

Le premier, le plus petit, habillé en vert et bleu, c’est un garçon. C’est Philippe. Il adore le bleu. Il propose de jouer à chat. A chat couleur. Bleu bien sûr. Ses camarades s’échappent. Philippe court. Quand il peut toucher l’un ou l’autre, il fait : "Toc ! Toc ! Toc !". La souris répond : "Qui est là ?" Le chat : "Le chat bleu ». Aussitôt la souris qui a été touchée doit toucher quelque part un objet ayant cette couleur (pas un des vêtements des souris, ce serait trop facile).

La seconde, c’est une fille. Comme elle est pas belle, elle s’appelle Emilie (sic). Elle a une besace qui pèse trop lourd pour elle. Elle porte des talons qu’elle les a piqués à sa maman. Elle adore jouer aux souris amoureuses : pour échapper au chat, les souris doivent se jeter dans les bras d'une autre souris. Tant qu'elles sont enlacées, on ne peut les toucher. Une souris touchée devient chat. Emilie se jette dans les bras de Philippe. Cà bloque le jeu.

Le troisième, le plus grand, il a joué à chat lui aussi. A chat glacé. La souris touchée par le chat reste là où elle a été touchée, comme une statue, jambes écartées. Les autres souris, pour la délivrer, doivent passer entre ses jambes. Le chat n'a pas le droit de toucher une souris quand elle passe entre des jambes. Les souris, elles, n'ont pas de camp. La partie prend fin quand toutes les souris sont touchées. Jouer à chat glacé, c’est formidable quand on est une bande de souris. A trois c’est différent. Devenu le chat, le chat glacé, il s’est figé et il a eu peur de fondre. C’est l’été, il fait chaud, il a très chaud.

Les trois enfants sont montés dans l’autobus pour continuer le trajet jusqu’à l’école. Ils étaient à fond dans leurs histoires de chat et de souris. Le grand, il est surnommé Sucette. Parce qu’il y a un grand S sur son maillot. Mais il croit qu’il est resté une souris. Il croit tout ce qu’on lui dit. Il a trop mangé de chips, en croyant que c’était du maïs. Il est devenu de plus en plus gros. Il est vraiment plus grand que les autres enfants du même âge. Il est gigantesque parce que ses parents sont très grands aussi. Il a de grands ongles aussi, qui sont bien utiles pour ouvrir les conserves avec.

Mais un jour, il a bu une potion vraiment magique. Depuis, il a les cheveux rouges. Il a un nez rouge. Il a la bouche blanche bordée de rouge. Il se sent différent des autres enfants. C’est pas facile l’école dans ces conditions. Les autres sont tristes pour lui.

Quand on est triste, faut faire rigoler les gens. Quand on a l’allure d’un clown, faut devenir clown. Sucette fait donc le clown. Il porte un slip à pois blancs . Il vit avec des puces. Il s’est rasé les bras et les jambes pour mieux les voir. Il n’a jamais de chaussures On vit très bien sans chaussures. Sucette n’en a plus besoin depuis qu’il les a perdues. Ou laissées à des souris qui dormaient dedans.

Mais son ours, c’est autre chose. Sucette a perdu un ours, un vrai, un vrai animal de cirque. Les autres enfants vont essayer de l’aider à le rechercher dans les bois. Voilà pourquoi ils sont dans cet autocar qui roule. Ou ce train. Ou cet avion qui laisse voir le ciel à travers les hublots.

Ils vont ensemble au pays des clowns, au cirque.

RECETTE DE REVE

illustration reproduite avec l'autorisation d'Ilya Green

Aujourd ‘hui est un anniversaire particulier. Alors la petite fille a besoin d’un gâteau très spécial.

Elle s’appelle Sophie. C’est sa maman qui fera le gâteau. Sophie avait supplié: fais-moi un gâteau s’il te plait pour ma copine (Caroline) partie dans la forêt. Elle avait voulu faire croire que Caroline s’était perdue dans la forêt. Qu’il fallait l’aider à revenir parce qu’elle risquait de rencontrer un animal sauvage, pourquoi pas même un tigre. On ne sait jamais quel danger courent les enfants.

La maman a souri. Oui, oui, je vais faire un gâteau …A quoi sera-t-il ce gâteau ?

Aux feuilles, elle a répondu Sophie. Comme si la maman allait préparer un gâteau aux feuilles !

Avec quelle recette ? 3 ou 4 œufs, du chocolat noir, une plaquette, 1 kilo de beurre, ou un gramme d’huile, de l’eau, 500 grammes, non 500 milligrammes, des pommes, du citron pour pas que çà noircisse, du rhum, de la farine, du sucre, du sucre vanillé, du sel, du lait, de la vanille, des fraises et de la menthe … Sophie a demandé aussi d’ajouter une bague comme elle l’avait lu dans une histoire célèbre.

Combien de temps de cuisson ? On le met dans le gaz. Pour une heure, 5 heures, 10 minutes, 24 heures, une nuit. Vous faites comme vous le sentez. On peut faire cuire jusqu’à 6 jours. Quand çà gonfle on arrête.

Sophie se charge du décor avec de la Chantilly pour faire des guirlandes de points blancs, et puis des feuilles bien vertes de cerisier, et quelques bonbons. Ou des boutons si vous n’avez pas autre chose. Sophie pose le gâteau sur une assiette avec des espèces de moitié de ronds roses parce qu’il fallait ajouter une autre couleur.

Après on emballe. Après on coupe.

Quel goût aura-t-il ? Un goût de vermifeuille (sic) bien sûr.

Qui va le manger ? Chut ! C’est tout le secret de la suite de l’histoire. Sophie ajoute une bougie. Une seule bougie.

Elle va s’habiller avant d’aller porter le gâteau. Une robe rose s’impose. Qu’y a t il sur la robe ? Des coquillages de sa mère, non de la mer. Des vagues, des écailles de dragon, un arc-en-ciel ? Ou des écailles de poisson. Elle a pêché un poisson et retiré ses écailles. La robe est en tissu d’écailles découpées sur un poisson.

La petite fille songe à la forêt où elle a recueilli hier un nouvel animal, un tigre blanc qu’elle a appelé Litchy. Elle achève de se faire belle. Elle accentue son petit nez, ses tâches de noirceur, ses yeux en amande. Elle remonte ses cheveux sous une cagoule. Elle ne voudrait pas se faire remarquer dans la forêt. Elle enfile ses sandales noires, sans talon, pour marcher sans bruit. Mais elle sera bientôt démasquée.

Elle entre maintenant dans la forêt en portant fièrement son gâteau à bout de bras. L’odeur du gâteau est entêtante. Le paysage se déforme. Les arbres sont noirs parce que c’est sombre, la forêt. Ou alors, sans s’en apercevoir, Sophie aura glissé de la forêt sur un dessin qui a été photocopié. Ce serait pour cela que les arbres et les tiges des herbes seraient noirs. Les arbres aussi parfois sont noirs parce qu’ils sont restés trop longtemps dans la nuit.

Quel est cet arbre ? Un cerisier. C’est la jungle. Des lianes peut-être …pour les écureuils. Mais pourquoi alors l’herbe est-elle rose ? Sophie a appris que quand on est amoureux on voit du rose partout. Elle aime le rose.

Elle est maintenant arrivée sous le grand arbre noir. Elle allume la flamme de la bougie qui oscille en lançant son rayon bleu. Quand le feu est très chaud il est toujours bleu.

L’effet est immédiat. Le tigre blanc surgit et s’aplatit aux pieds de Sophie. Les tigres sont comme çà. Ils ont peur du feu. Mais en voici un autre derrière qui n’est pas content parce qu’il voit que la bougie fond. Ce sera bête pour le gâteau. Ils ne vont pas manger le gâteau : ce n’est pas possible, les tigres sont carnivores.

Qui va le manger alors ? On va le couper en 2, ou en 3, pas en 4. Les tigres vont le couper avec leurs griffes. A cet instant elle devrait avoir peur. Peur d’être mangée par les tigres. Faudrait qu’ils soient méchants. Elle les trouve simplement tristes. Le second est plus triste que le premier. Celui-là ne pense qu’à manger le gâteau. Ils ne sont pas dangereux, ils sont sans griffes.

Sophie croyait avoir découvert un tigre unique. Ce sont deux tigres. Des frères jumeaux. Vous pourriez les appeler Madame Tigre et Monsieur Tigre. Et dire que c’est l’anniversaire des deux tigres. Ils pourraient avoir 10 ans. Malgré l’unique bougie. Le gâteau était trop petit pour en mettre deux, alors dix encore moins.

On va dire que les deux tigres ont un an. Une bougie, un gâteau, un an. A égalité. Des tigres jumelles. Avec des rayures qui ressemblent à des zèbres, sauf que les vrais tigres c’est en noir et orange. Les tigres se seraient-ils déguisés en zèbre ? Avec des oreilles en pointillés. Avec des poils plus courts. Des rides sur le front. Une raie au milieu. Et pas de moustache. Pas de griffes. Pas de queue.

Et si c’était pas un anniversaire ? Ce serait la fête des tigres-jumeaux.

Ou un autre anniversaire comme un anniversaire de mariage des deux tigres. Pour fêter le petit qui va arriver dans un mois. Non, dans neuf mois. Est-elle déjà enceinte ? Le petit c’est une graine d’herbe rose. Des confettis sont tombés sur l’herbe, la recouvrant de rose.

Que va-t-il ensuite se passer ? La petite fille donne le gâteau aux tigres. Un tigre est jaloux de l’autre. Il ne veut pas fêter son anniversaire. Sophie le regarde. Et le tigre la regarde aussi bizarrement. Soudain le grand tigre s’est enfui. Le petit a mangé le gâteau.

Il a mangé comme un cochon rose. Le tigre a apprécié. Une heure plus tard le tigre dort.

Sophie termine le gâteau. Son nez la chatouille. Parce que c’est un petit nez de tigre. La petite fille a le nez rouge. Elle saigne du nez. A voir les traits sur son nez on croirait qu’elle est maquillée en léopard. Elle sent ses oreilles se dresser sur sa tête. (en aparté : à la kermesse de l’école des mamans font des maquillages de chat comme çà)

Que va-t-elle faire ensuite ? Elle va repartir.

C’est la nuit. Ses parents vont s’inquiéter. La petite fille rentre chez elle.

Demain Sophie reviendra avec un gâteau plus gros.

dimanche 11 mai 2008

TREVE DE DINOSAURES


illustration reproduite avec l'autorisation d'Ilya Green

Elle s’appelle Elise. Elle a des cheveux noirs. Elle est née comme çà, avec des cheveux noirs.

Y’a des fleurs pour décorer les murs de sa chambre. Parce que c’est une princesse. Y’a aussi des fleurs sur son lit, sur la couverture. … Partout des fleurs. Et c’est joli comme un jardin.

Elise tremble. Elle a remonté la couverture pour ne pas sentir le froid malgré le pyjama de satin fleuri. Elle dort parce qu’elle est fatiguée, la tête posée sur un coussin pour que ce soit plus confortable.

Est-elle vraiment en train de dormir ? Non, pas vraiment. Elise voyage jusqu’au pays des rêves. Elle rêve tant que ses pensées s’échappent en longues branches qui se couvrent de feuilles.

Ses joues deviennent rouges. Elise a chaud maintenant.

Ses pensées se sont transformées. Elles ont galopé dans le pays des rêves. Elles ont rencontré des dinosaures qu’elles ont transformés.Regardez celui-ci qui est devenu rhinocéros. Et celui-là qui s’enfuit … Oh, le voilà scarabée. ! Le lézard court. Il essaie de rattraper le groupe.

La petite fille n’est plus une petite fille. Quelle taille fait-elle ? Immense. 50 mètres de long. Et le lit est un pays entier. Là cela devient une montagne. Les dinosaures courent sur la montagne. Certaines fleurs se sont rapprochées les unes des autres jusqu’à composer tout un champ, au-delà du jardin qu’on voyait tout à l’heure.

Le papier de la chambre est désormais le ciel. Et voici le soleil en train de se lever. Il est 10 heures du matin. Où vont-ils ? Où courent-ils ? Dans un pays où il y a davantage d’eau. S’ils courent c’est parce qu’ils ont soif. Et puis il est 3 heures, 4 heures, 8 heures, 14 heures 30. Ils se baladent toujours dans la chambre. Ils se promènent. Ils cherchent encore de l’eau.

Un téléphone sonne.Qui appelle au téléphone ? Une dame ou un monsieur. Ou le père d’Elise ...

Sa maman est entrée dans sa chambre. Elise se réveille très contente de son rêve. Elle a écrasé un arbre en dormant, ce qui explique le reflet qui s’est imprimé sur l’oreiller. Elle se regarde dans la glace. Des feuilles se sont déployées sur son visage comme un maquillage.

La maman crie. Les dinosaures s’avancent. Ce sont des bébés dinosaures. Ils viennent faire un bisou. Ils vont dormir maintenant. Elise se lève pour déjeuner. Pour faire sa toilette. Elle raconte tout à sa mère.

Quand elle remonte dans sa chambre pour s’habiller, Elise découvre sur son lit une branche sur laquelle des fleurs se sont épanouies. Un fruit s’entrouvre et s’en échappent quelques graines qu’Elise va glisser dans un petit trou, dans le jardin, et qu’elle va arroser de cinq gouttes d’eau.

samedi 10 mai 2008

ATELIERS D' ECRITURE

J'avais bien entendu adressé Catastrophe d'anniversaire à Ilya Green dont j'avais trouvé les coordonnées par Internet. Elle m'avait très vite répondu par un message d'encouragement qui m'invitait à poursuivre. Elle avait fait preuve d'une grande générosité en joignant trois superbes images qu'elle n'avait pas encore exploitées dans un livre.


J'ai évidemment tenu les élèves informés de cet épisode en leur apportant les images. Je leur ai proposé d'écrire une ou plusieurs histoires en rapport avec elles, leur promettant de continuer à faire le lien avec l'illustratrice. Ils étaient très enthousiastes. J'ai travaillé toujours seule avec eux, en demi-classe, en février et mars 2008, mais cette fois aussi bien avec les élèves d'Eric (qui avaient été à l'origine de Catastrophe) qu'ensuite avec ceux d'Isabelle (qui découvraient l'univers d'Ilya Green).

L'imaginaire tournant assez vite en rond, j'ai testé une nouvelle méthode.

Je suis partie de l'hypothèse qu'une histoire existait et que nous devions la (re)trouver, un peu comme si nous avions devant nous la dernière image d'un film dont le tournage venait d'être achevé. J'ai constitué à chaque séance deux groupes de 6 à 7 élèves, assis autour d'une table hexagonale, au milieu de laquelle se trouvait une des trois images et une seule. A la manière d'une enquête policière chaque élève était invité à poser une question à propos de l'image. Son voisin de gauche devait donner, de façon la plus spontanée possible, une réponse plausible.

Si j'ai adopté cette façon de questionner c'était
  • pour que chaque enfant s'exprime (il était obligatoire de répondre quelque chose, comme également de poser immédiatement une question à son voisin)
  • pour que chacun se sente libre et non jugé (cela allait trop vite pour qu'on dise c'est bien ou c'est bête)
  • pour qu'on soit à ce stade dans une profusion et qu'on ne se "contente" pas d'une idée donnée par quelqu'un et qu'on pousserait au bout
Le mot "plausible" est essentiel car je voulais obtenir un matériau abondant dans lequel il y aurait "forcément" des pépites que nous exploiterions ultérieurement. Mais le temps, comme souvent, a manqué pour parvenir à travailler ensemble.

J'ai tenu absolument à faire aboutir le projet, par respect pour les élèves, et parce que, même si les histoires n'étaient pas extraordinaires il valait mieux cela que rien du tout. Je prenais en note sur des feuilles de brouillon, in extenso, tout ce qui se disait (sans magnétophone) un peu comme on le fait en maternelle en dictée à l'adulte.

Je précise que j'ai bien essayé de les laisser écrire eux-mêmes (je ne pouvais pas matériellement me trouver au même moment aux deux tables pour copier tout ce qui se disait) mais le résultat, trop souvent illisible ainsi qu'on peut en juger sur l'exemple que j'ai scanné, m'a conduite à privilégier mes prises de notes. J'ai donc tout remis au propre, bout à bout, réordonné image par image, en intégrant ce qui était exploitable de leurs textes, en supprimant uniquement les doublons et en cherchant à tirer ce qui pouvait ressembler à un fil conducteur.

Le résultat aurait sans doute été "meilleur" si j'avais fait de larges coupes mais je n'ai pas "osé" retirer une idée plutôt qu'une autre puisque mon objectif principal n'est pas tant que l'histoire soit bonne (ce qui est forcément celui d'un auteur) mais que tous les enfants y trouvent leur compte (je dirais même leur conte). Mon objectif secondaire était de leur témoigner combien l'écriture est difficile en général et qu'il était donc normal que ce le soit pour eux (et pour moi), MAIS AUSSI qu'il ne faut pas s'arrêter parce que le chemin est dur, et que l'écriture apporte des satisfactions.

Je ne sais pas du tout si je recommencerai comme cela. Ces moments là furent en tout cas riches (et joyeux) avec ces élèves-là. J'ai bien entendu envoyé les histoires à Ilya Green qui les a appréciées et qui m'a autorisée à les mettre en ligne avec ses illustrations. Elle suggère plutôt ensuite de laisser les élèves rédiger leur propre histoire, en se servant des "matériaux" qui ont été révélés lors de la séances des questions...

Elle s'attache à la dimension poétique quelle qualifie de "vraiment très chouette..." Par contre son œil exercé juge la narration un peu distendue. D'un côté c'est un inconvénient, mais de l'autre ça laisse la place aux cheminements poétiques des enfants, qui est une piste intéressante bien qu'assez différente.

Elle a estimé que ça pourrait être bien de mettre en valeur cette forme un peu "déambulatoire" où on se laisse porter un peu comme dans la pensée au gré des idées, des questionnements, des impressions... Au cours d'une conversation téléphonique elle m'a interrogée sur mon intention de faire un petit livre ou quelque chose comme çà ... conseillant de jouer sur la typographie et les couleurs pour accentuer certains passages, et pour finalement accepter de s'en charger pourvu que nous ayons la patience d'attendre parce qu'elle est en train de finir son prochain livre. C'est une grande chance de pouvoir mener ainsi le projet vers un terme plus artistique et je pense qu'un tel petit livret constituera une précieuse motivation pour de futurs travaux d'écriture.

Dans cette attente, et pour lire les histoires dans leur version "simple", cliquez sur le titre souhaité :

Trêve de dinosaures

Recette de rêve

Tous les chats sont dans la nature


vendredi 9 mai 2008

CATASTROPHE D'ANNIVERSAIRE


J'ai entrepris avec les élèves de la classe d'Eric l’écriture d’une historiette inspirée des personnages de Strongboy que je mets en ligne avec l'aimable autorisation d'Ilya Green. Il faut préciser que je n'avais pas montré le livre afin de ne pas conditionner les élèves. Ils n'avaient aucune idée de l'histoire originale.


J'avais simplement apporté ces marottes,


une photocopie agrandie des personnages, dans une pose qui me semblait évocatrice, contrecollée sur du carton rouge, découpée puis plastifiée.

En demi-groupe, les élèves ont donnés des noms aux personnages et des traits de caractère. Toutes les propositions étaient notées au tableau, lisibles par tous. Chacun a ensuite été invité à écrire une aventure. Les textes m'ont été remis. La démarche a été reproduite à l'identique avec le second demi-groupe. Pendant la récréation j'ai lu toutes les propositions et, "au pied levé" ai composé quelque chose que je leur ai lu à leur retour, en classe entière. J'ai intitulé l'histoire :

Catastrophe d’anniversaire

Sophie est une petite fille qui a des idées bizarres, très bizarres : elle collectionne les insectes. Elle en a de toutes sortes : des abeilles, des mouches, des fourmis.

Elle aura 9 ans demain. C’est son anniversaire et elle a invité toutes ses copines.

Pour que la fête soit plus drôle elle leur a demandé de venir déguisées. Et elle a enfilé un tee-shirt à son chat.

Rose est sa meilleure amie. Elle arrive avec une cagoule aux oreilles pointues. Elle a apporté une petite boite avec son cadeau dedans.

- Merci, dit Sophie. Qu’est-ce que c’est ?

- Miaou, répond Rose, qui joue son personnage à fond.

- Miaou ? répète Myrtille.

Sophie ouvre la boite et découvre … une araignée. Quelle joie ! Elle la met avec les insectes.

Arrive Lily, déguisée en eskimo, qui lui offre une pomme.

On chante Joyeux anniversaire …

Mais soudain c’est la catastrophe :

Théo, le petit frère jaloux ouvre la boite,

Une abeille pique le chat

L’araignée mange les mouches

L’oiseau qui guettait sur le rebord de la fenêtre mange les fourmis

Le chat mange l’araignée en couinant

Sophie a perdu sa collection !!!!


Petites précisions pour ceux qui connaissent Strongboy : Sophie est le nom que les élèves ont donné au personnage principal à cause du S de son maillot. Dans le livre, elle s'appelle Olga. Rose est Ana. Lily est Sophie (!) et Théo est Gabriel. Le chat a hérité du nom de Myrtille. Un chat sans nom cela n'était pas concevable pour les enfants.

mercredi 20 février 2008

LA GENESE DU PROJET


Présentation de l’Atelier devant les participants au Salon de l’école, le mercredi 30 janvier 2008

Tout a commencé ici, à Antony, au cours d’un stage auquel je n’aurais jamais du participer, mais

  • Il y avait eu appel de candidatures pour le « sauver »
  • C’était le seul auquel je pouvais prétendre en terme de dates puisque j’étais alors déchargée par une PE2 en stage filé qui ferait parallèlement son stage en responsabilité à même période
  • J’avais mal lu le libellé
  • J’étais donc inscrite un peu par erreur (cela concernait l’écrit en cycle 3)
  • Il y avait des temps morts comme cela arrive parfois…

Par contre

  • Il y avait une excellente ambiance
  • Je n’étais pas un cas isolé. Nous étions nombreuses « égarées »
  • Je me suis aperçue que l’expérience de la maternelle était transposable au cycle 3
  • On guettait les résultats du « mouvement » et j’ai eu connaissance de ma nomination dans une nouvelle école à la rentrée 07/08
  • J’ai appris que le prochain Salon serait consacré à l’écriture
  • Je regrettais de ne pas avoir osé participer il y a six ans quand j’avais été sollicitée par un professeur de français pour présenter une recherche sur l’utilisation de l’album au cycle 3. (à cette époque je ne me sentais pas du tout de taille à pouvoir me présenter devant des collègues)
  • Je me sentais davantage prête même si cela m’affolait un peu
  • Je venais de renoncer à m’engager dans le processus du CAFIPEMPF mais je conservais l’envie de faire une recherche
  • Marie-Noëlle Rolland, Commissaire du Salon et professeur à l‘iufm de Versailles, me faisait confiance
  • J’ai monté un dossier et demandé un stage filé pour mener la recherche sans empiéter sur mon temps de décharge. Mes deux inspectrices (de ma circonscription d’alors et de la future) ont donné leur aval.
  • J’avais un accord de principe de l’équipe d’une école où j’avais enseigné quatre ans auparavant.

J’ai eu la réponse de l’inspection académique en septembre. Isabelle, ancienne collègue, m’a dit « banco » la première. Eric nous a vite rejointes dans l’aventure. Nous avons avancé pas à pas.

Nous ne pensions pas être dans une totale innovation. Mais nous avions envie toutes les deux de retravailler ensemble. C’est souvent le cas quand deux classes se lancent dans de la correspondance. J’ai recueilli de multiples expériences qui se sont construites sur cette base.

Il y avait deux originalités, dont une ne pourrait pas se répéter une année suivante :

- l’idée était de faire une correspondance entre deux écoles et non entre deux classes

- de correspondre avec en particulier des élèves dont j’avais été la maîtresse de maternelle

Le projet s’inscrivait dans une réflexion sur la continuité maternelle/élémentaire, bien élargie par rapport à la liaison GS/CP.

Le but de la recherche était d’explorer les freins et motivations à l’écriture (au sens de production d’écrit) et d’étudier s’il existait un lien entre des difficultés d’apprentissage constatées en cycle 3 et une amnésie pédagogique puisqu’en fin de maternelle les élèves font majoritairement preuve de compétences acquises dans le domaine.

Pourquoi ces compétences se perdraient-elles ensuite en route ? Les blocages sont-ils du côté de l’élève, de l’enseignant, du cadre, ou y a t il un peu de tout cela et d’autre chose encore ? Nous savions que nous n’allions pas révolutionner l’enseignement de la production d’écrits. Nous sommes trop respectueux du travail mené avant nous par célestin Freinet, le groupe d’Ecouen ou par Mireille Brigaudiot.

Nous voulions « apprendre à faire tout seuls » comme le disait si bien Maria Montessori et très franchement je remercie l’institution de m’avoir permis de le faire, même si je n’ai en réalité pas vraiment profité du temps offert par le stage filé. Nous avons vécu des émotions assez fortes qui nous ont donné envie de continuer et même de prolonger une seconde année si c’est possible.

Evidemment nous avons rencontré quantité de problèmes :

  1. La question de l’emploi du temps puisque Isabelle est en stage filé le même jour que moi, à savoir le mardi, et avec obligation d’aller à Boulogne ces jours-là. Je n’allais évidemment pas mener la recherche avec la PE 2 de sa classe
  2. Etant déchargée 3 jours par semaine, et ayant une PE2 dans ma classe le 4ème, je pouvais « techniquement » organiser mon emploi du temps pour me dégager un autre jour … sauf que l’école dont je suis directrice est tellement lourde à gérer que je me culpabilisais de m’absenter. Si bien que je n’ai réussi à la quitter que sur 3 demi-journées seulement entre septembre et fin janvier. Heureusement que le sujet était la correspondance !
  3. Nous avons subi des pannes informatiques, des problèmes de transmission de données. Là encore on a été aidées du fait qu’une des enseignantes de mon école a un enfant scolarisé dans l’autre. Elle a joué le facteur pour gagner du temps.
  4. Les stages filés sont interrompus 3 semaines pendant les stages de responsabilité, et sans remplacement cette année. Je suis donc bloquée dans mon école depuis avant Noël. Et plus encore puisque j’ai du remplacer la PE 2 et prendre une classe que je connaissais mal. Et encore davantage puisque je suis en cours d’inspection. Si bien que même hier, alors que le stage filé reprenait je n’ai pas pu me consacrer à l’intervention de ce matin et revoir Isabelle.
  5. Finalement ce sont deux enseignants (deux classes) de mon ancienne école qui se sont investis. Aucune de ma propre école. D’abord parce que les enseignantes « attendaient » de recevoir du courrier pour en renvoyer. Ensuite parce qu’il y a un taux de rotation hors normes qui complique beaucoup la continuité des apprentissages et des projets. Nul n’est prophète en son pays …
  6. Parce que aussi il y a beaucoup (beaucoup trop ?) de projets à mener de front : Les sorties régulières en médiathèque, ludothèque, centre culturel
    Les spectacles au théâtre municipal
    Les sorties en forêt, une par saison
    Le prix littéraire et la fête de la lecture
    Ecole et cinéma
    Lire et faire lire
    Sans compter la piscine au troisième trimestre
  7. La date du Salon de l’école (30 janvier) arrive très tôt dans l’année scolaire et nous n’avons pas fini l’expérimentation. Mais se heurter au principe de réalité n’est pas une surprise en soi pour des enseignants ...

Par hypothèse nous nous étions refusés à anticiper des résultats. Donc nous n’avions pas d’outils d’évaluation. Si on regarde la quantité produite on a de quoi être déjà satisfaits.

Si on mesure l’investissement des élèves aussi. Ainsi, tous les élèves ont participé, et ils en redemandent …


dimanche 10 février 2008

AU PIED DE LA LETTRE

Ce n’est pas parce qu’on a une pratique régulière de la dictée à l’adulte que l’enseignant peut solliciter ses élèves pour écrire une lettre avec succès. Ainsi en témoigne ce dialogue, inspiré d’une mésaventure où mon amie Claire a joué le rôle principal.

Attention, pour savourer les dialogues il vous faut les lire à haute voix.

Les élèves de Moyenne Section (4 ans) avaient fait des cartes de vœux pour les parents. Il en restait plusieurs. La maîtresse proposa d’en écrire une. A qui ? Les élèves furent unanimes pour demander à écrire à Vincent, l’élève qui avait déménagé le mois précédent:

La maîtresse : on va écrire une lettre à Vincent. Je vous écoute. Comment est-ce qu’on peut commencer une lettre ?

Justine : C

La maîtresse écrit C’est

Pierre : S

La maîtresse efface et écrit au tableau Est-ce

Noriane : Q

La maîtresse reprend l’élève : on dit Est-ce que

Ibrahim : T

La maîtresse ajoute t’es. On peut lire au tableau Est-ce que t’es

Puis, après un long silence, elle relance les élèves : Bon, t’es quoi ?

Elle regarde la classe et ne peut s’empêcher de juger : Mais çà ne veut rien dire. Je ne peux pas écrire une lettre comme çà !
Elle doit avoir un regard implorant parce que la petite Khoury lance à tout hasard X

La maîtresse comprend alors ce que le mot lettre signifie pour ses élèves : la suite de l’alphabet … tout simplement …

Et que plusieurs sont homonymes de mots, pouvant créer des quiproquos comme par exemple

C E G D H L M O P R S T qui peuvent s’entendre comme

C’est euh j’ai des hache elle aime eau pet air est-ce t’es

samedi 2 février 2008

A LIRE EN FEVRIER

Je remercie ici les participants à l'atelier du Salon de l'Ecole puisque j'ai omis de faire circuler une feuille pour recueillir les coordonnées de chacun. J'ai été touchée par l'intérêt qui a été manifesté.

Je voulais "être davantage à la hauteur" des compliments en améliorant la présentation des articles. Hélas, le téléchargement de Blogger For Word n'a fait que compliquer une situation que je maîtrisais jusqu'alors à peu près et qui me conduit désormais sur des chemins obscurs. Plus je cherche, plus je trébuche sur des termes opaques ... mais les jours meilleurs viendront ... avec votre aide si vous le voulez bien.


Vous pourrez bientôt lire :

Plusieurs articles relatant l’expérience présentée au Salon de l’Ecole le 30 janvier dernier, et notamment

  • Un billet sur l’orthographe , première inquiétude de l'écrivant (fait)
  • Quelques réflexions sur la polysémie du mot « lettre » , au travers de la mésaventure racontée par une collègue (fait)
  • L’écriture d’une historiette inspirée des personnages de Strongboy avec l'aimable autorisation d'Ilya Green

ET PUIS ENCORE

  • Un tableau récapitulatif des freins et motivations à écrire, tant du côté de l’enseignant que de celui de l’élève, (fait)
  • Des contributions venant d’autres auteurs,
  • La science-fiction, un genre qui stimule l'écriture (fait)

Continuez à m'envoyer vos réactions et compte-rendus d’expériences … Ils seront remis en forme et édités.



samedi 26 janvier 2008

Un Petit Chaperon Rouge revu et corrigé


Une variante de la dictée à l'adulte ... ou comment le magnétophone peut apporter une aide à l’écriture …

J’ai animé en 2005-2006 un atelier dans le cadre du Plan d’Aide à la Lecture (pour en savoir davantage sur le dispositif PAL dans l’académie de Versailles, cliquer ici). Le mercredi matin j’essayais de « susciter l’envie » à des élèves repérés en difficulté de lecture dans une école élémentaire qui n’était pas celle où j’étais enseignante. Après avoir été au cinéma voir la soit-disant Véritable Histoire du Petit Chaperon Rouge (dans la version imaginée par Cory Edwards) sortie en salles en janvier 2006, j’ai proposé aux enfants de cycle 3 d’écrire leur propre version et de l’interpréter devant les parents en fin d’année.

Ils étaient souvent en panne d’inspiration, manquaient d’originalité par rapport au conte traditionnel, et voulaient conserver la fantaisie et l’énergie du dernier film. Il m’était impossible de prendre des notes sur leurs improvisations qui étaient assez extravagantes. Le magnétophone s’est imposé pour conserver des traces complètes et fidèles dans lesquelles j’ai puisé pour aboutir à une forme théâtrale où chacun a eu un (ou plusieurs) rôles équivalents.

Voici le texte, libre de droits (que je peux vous envoyer en fichier word sur demande - voir mon adresse en fin de profil). Les noms des élèves ont bien entendu été modifiés et les photos ne sont qu’illustratives. Je ne pense pas présenter ce travail au Salon de l’école mais j’espère que vous prendrez à cette lecture autant de plaisir que nous en avons eu à écrire la pièce et à la mettre en scène.

Le Petit Chapeau Rouge

Personnages :

Le loup (Pierre)
Le PCR (Elise)
Juliette, la mère (Jennifer)
Le grand-père (Gianni)
Premier mousquetaire
(Gianni)
La grand-mère (Patricia)
Marie, l’amie de la mère (Patricia)
Le père (Victor)
Deuxième mousquetaire (Victor)
Le jardinier (Victor)
Troisième mousquetaire (Maëlle)
La femme de ménage (Maëlle)
Voix off (Marie-Claire)

Voix off

La mère prépare une galette au beurre avec des lardons.
Le PCR est encore au lit.
Le loup se promène dans la forêt.
Le grand-père ronfle pendant que la femme de ménage s’active.

(Le père et la grand-mère sont assis dans le public. On ne les remarque pas. Ils entreront en scène le moment venu).

Scène 1 : Dans la cuisine
Le Petit Chapeau Rouge, la mère

PCR : Ah ! J’ai bien dormi cette nuit, Maman.
La mère : Tu veux un petit déjeuner ?
PCR : Oui, merci. Oh ! Cela sent une drôle d’odeur, drôlement bon. Qu’est-ce que tu fais ?
La mère : Une galette aux lardons.
PCR : On va bien se régaler ce midi !
La mère : Ce n’est pas pour nous. C’est pour Grand-mère.
PCR : Oh ! Je peux aller la livrer, s’il te plaît ?
La mère : Oui. Je te la mets dans un sac. Attention, elle est encore chaude.
PCR : Au revoir, Maman.
La mère : Surtout ne passe pas par le Bois de Verrières, sinon tu auras une punition.
PCR : Ne t’inquiète pas !

Scène 2 : Dans la forêt
Le Petit Chapeau Rouge, le loup

PCR (chantonnant): Prom’nons nous dans les bois, pendant que le loup y est pas, si le loup y était il nous mangerait. Mais puisqu’il n’y est ……. ( le PCR s’arrête brusquement avant de prononcer « pas »)
Le loup :Hum ! comme
çà sent bon. Qu’est-ce que c’est ?
PCR : (Recule sans répondre)
Le loup : On dirait que tu as peur de moi.
PCR : Oui, parce que tu es un loup.
Le loup : T’as déjà vu un loup qui parle ?
PCR : Non, en fait.
Le loup : Qu’est ce que c’est dans ton sac ?
PCR : Une galette au beurre et aux lardons.
Le loup : J’en goûterais bien un morceau.
PCR : Ah, non, c’est pour grand-mère.
Le loup : Tu vas loin pour la lui donner ?
PCR : Oui, elle habite rue du bout de la forêt. Et je vais être en retard si je reste avec toi.
Le loup (ironique): C’est çà, va s’y.

Scène 3 : Chez la grand-mère
Le Petit Chapeau Rouge, le Grand-père

Le grand-père ronfle. Le PCR frappe à la porte. On entend taper trois fois.

PCR : Grand’mère, ouvre-moi !
Le grand-père (d’une voix pâteuse) : Entrez
PCR : Grand-père ! Qu’est-ce que tu fais là ?
Le grand-père : Je dors. Enfin, j’essaye.
PCR : Où est grand-mère ?
Le grand-père : Partie en voyage en Egypte avec ses copines.
PCR : J’apportais cette galette au beurre et aux lardons à Grand-mère. (Le PCR hésite) Elle est pour toi !
Le grand-père : J’aime pas le beurre. J’aime pas les lardons. J’veux des bonbons.
PCR : J’ai pas de bonbons. Fais avec çà. Je rentre à la maison.

Le PCR repart. On pense qu’elle va aller tout droit vers la cuisine mais au dernier moment, elle tourne et reprend le chemin du bois. Elle s’arrête et cueille un énorme bouquet de perce-neiges.
Le grand-père s’est déjà recouché.

Scène 4 : Dans la cuisine de la mère
La mère, Marie

La mère est assise à la table de la cuisine en train de faire des mots croisés en écoutant la radio.
Le téléphone sonne.

Marie : Allo, Juliette !
La mère : Bonjour, Marie
Marie : Le PCR est chez toi ?
La mère : Non, je l’ai envoyée livrer une galette à sa Grand-mère.
Marie : Mais je l’ai vue dans le bois !
La mère : Je lui avais dit de ne pas passer par le bois. Merci de m’avoir prévenue.

Scène 5 : Dans la cuisine de la mère
La mère, le PCR (en voix off)

La mère : Allo, tout va bien, ma fille ?
PCR : Oui.
La mère : Tu fais quoi là exactement ?
PCR (continuant de cueillir les fleurs): Je rentre.
La mère : Il paraît que tu m’as désobéi.
PCR : Ben, non, maman. J’ai apporté la galette à grand-mère.
La mère : Et tu es passée par où ?
PCR : Par le bois.
La mère : Ah ! C’est bien ce que je disais : tu m’as désobéi.
PCR : Mais, t’inquiète pas. Tout va bien.
La mère (énervée) : Si, justement, je m’inquiète. Parce que dans le bois il y a un loup. On l’a dit aux infos à la télé.
PCR : Mais Maman, tu regardes trop la télé. Je lui ai parlé au loup. Il est très poli, très gentil.
La mère : Qu’est ce que tu lui as dit ?
PCR : Ben, que j’allais livrer une galette chez grand-mère, rue du bout du bois.
La mère : Et en plus tu lui as donné l’adresse. Quelle catastrophe ! Rentre tout de suite. Et que çà saute !
PCR : Oui, maman.

(Apercevant d’autres fleurs) Oh ! Les belles fleurs. Je vais en cueillir un gros bouquet pour maman. Cela va la calmer.

Scène 6 : Dans la cuisine de la mère
La mère toujours au téléphone

La mère (d’une voix ferme, comme si elle donnait des ordres. On n’entend pas les réponses que lui ferait son interlocuteur) :

Allo, les trois mousquetaires ?
J’ai une mission pour vous.
Ma fille est dans le bois.
Dans le bois il y a un loup.
Il faut sauver le Petit Chapeau Rouge.

Scène 7 : Dans la forêt
Le loup est surpris par le premier des trois mousquetaires

Le père (assis dans le public, s’adresse au metteur en scène à voix basse) : Et moi, j’arrive quand ?

Le loup mange le mousquetaire après une bagarre terrible

Le père (debout, à sa place, d’une voix plus forte) : Le père, il arrive quand ?
(D’une voix encore plus forte) : Bon, j’arrive quand ?
(Constatant que personne ne lui répond) : Bon, je vais faire le deuxième mousquetaire

Le loup mange le deuxième puis le troisième mousquetaire après une bagarre terrible

Scène 8 : Le loup arrive chez la Grand-mère
Le loup, le Grand-père, La femme de ménage, Le jardinier

On entend sonner.

Le grand-père : (ronchonne dans son lit) Encore dérangé !
Le loup : Bonjour Madame,
Le grand-père : Madame ! La madame elle est pas là ! Elle est partie en Egypte !
Le loup : Humm, çà sent bon
Le grand-père : C’est une galette au beurre et aux lardons. Je peux vous la donner. Moi, j’aime pas.
Le loup : Chic, alors merci.
Le loup : C’était très bon. (Il mange) C’est bien comme apéritif, mais qu’est-ce qu’il y a après ?
Le grand-père : Y’a rien d’autre (d’une voix inquiète en partant à reculons se cacher dans une armoire)

Le loup aperçoit la femme de ménage qui revient avec un panier chargé de légumes.
Le loup : Quelle aubaine !
Il arrive à pas de loup derrière elle et l’engloutit.
Le loup : C’était très bon. C’est bien comme entrée. Mais qu’est-ce qu’il y a après ?
Il regarde par la fenêtre et aperçoit le jardinier en train de bêcher la terre.
Il procède comme avec la femme de ménage et l’engloutit.

Le loup : C’était très bon. C’est bien comme viande. Mais qu’est-ce qu’il y a après ?
Oh, mais qu’est ce que j’ai ? Je ne me sens pas très bien. (Il s’écroule sur le canapé et s’endort)

Scène 9 : Chez la Grand-mère

La Grand-mère, Le loup, le Grand-père
La Grand-mère quitte sa place dans le public et cherche ses clés pour ouvrir la porte d’entrée
Elle marmonne qu’elle a égaré ses clés. Elle sonne.
Le Grand-père, entendant le loup ronfler sort de sa cachette avec prudence et ouvre à sa femme.

La Grand-mère : Bonjour,
Le grand-père : Bonjour.
La Grand-mère : Oh, la la, je suis épuisée. J’en ai vu des choses !
Le grand-père : Ici aussi, il s’en est passé des choses !
La Grand-mère (ne l’écoutant pas) : J’ai vu des sculptures de loups superbes.
Le grand-père Et moi j’ai un loup superbe
La Grand-mère (découvrant le loup endormi): Mais c’est un loup !!!
Le grand-père : Oui, c’est ce que je dis.
La Grand-mère : Il a pas l’air d’aller bien.
Le grand-père : C’est normal il a mangé la femme de ménage.
La Grand-mère : Bof, pour ce qu’elle faisait
Le grand-père : Il a mangé aussi le jardinier
La Grand-mère : Bof, pour ce qu’il faisait
Le grand-père : Il a mangé aussi une galette.
La Grand-mère : Cà c’est plus embêtant.

Le loup se réveille et vomit.
La Grand-mère : Il n’a pas l’air dangereux maintenant. Je vais l’apprivoiser. Je vais en faire un loup de compagnie. Cela va faire bisquer les copines !

Scène 10 : Chez la Grand-mère
Tous les personnages

C’est la fête. Le Grand-père propose de raconter une histoire.
Il vient d’écrire à partir de leur aventure
l’histoire du Petit Chaperon Rouge.


mercredi 23 janvier 2008

La dictée à l’adulte et le cahier de vie

Voici un grand classique de l’école maternelle. Beaucoup d’enseignants (et de parents) pratiquent cet exercice sans savoir que cela s’appelle ainsi, comme monsieur Jourdain faisait de la prose.

La dictée à l’adulte obéit à une procédure codifiée, qui est détaillée page 74 et suivantes du document d’accompagnement des programmes du 25 janvier 2002 que l’on peut lire en ligne ou télécharger au format PDF/Acrobat reader


On peut aussi suggérer aux parents d’écrire sous la dictée de leur enfant dans le
non moins classique Cahier de vie qui accompagne l’élève dans sa famille chaque vendredi soir. Cependant cela pose plusieurs problèmes :

- tous les parents ne sont pas assez à l’aise pour écrire ; ils peuvent manquer de temps, ou même d’envie ;

- il ne se passe pas toujours quelque chose de suffisamment important pour mériter de figurer dans le cahier de vie ;

- l’exploitation de 20 à 30 réponses chaque lundi matin en classe entière est irréaliste, avec le risque de décevoir l’élève et de lui faire perdre sa motivation à écrire ;

Avec l’amélioration de l’outil informatique, les enseignants conçoivent des comptes-rendus de sorties et d’activités pédagogiques de plus en plus sophistiqués, illustrés de belles photos. C’est important en effet que tous les élèves, y compris dans les quartiers défavorisés, puissent conserver des traces agréables à lire. Mais est-ce qu’une maman qui n’a pas d’imprimante couleur à sa disposition, est-ce qu’un papa qui maîtrise mal le français, vont oser écrire dans ce cahier de vie ?

Il y a une dizaine d’années mes enfants ramenaient de l’école des cahiers « bricolés » avec des stencils tirés sur du mauvais papier à l’encre violette. Nous n’avions aucun complexe à y coller des croquis, des tickets de cinéma et à relater des évènements familiaux illustrés par des dessins d'enfants.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai mis en place le cahier de vie du doudou de la classe. Selon les années ce fut un ours, un lapin, une poupée… Chaque enfant accueillait au moins une fois le doudou chez lui.

Il n’y avait pas obligation ensuite à raconter quelque chose … mais la plupart des familles se livraient à l’exercice. Les comptes-rendus des visites étaient lus en classe puis affichés, puis archivés dans un classeur par ordre chronologique et laissés à la disposition des familles. Il y avait inévitablement toujours 2 ou 3 familles qui n’écrivaient rien. J'essayais alors que l’élève me dicte un message.

Voici, pour ceux qui voudraient faire de même, un exemple de texte explicatif à destination des parents (fixé par une épingle nourrice au sac en tissu contenant le doudou, en l’occurrence ici un grand lapin en tissu écossais bleu) :

Il y a dans la classe un lapin que les enfants ont appelé <Lapin Bleu ». Cet animal accompagne un enfant chez lui chaque mardi soir et chaque vendredi soir.

Aujourd’hui, Lapin Bleu part avec .....................

Merci de le ramener le prochain jour d’école.

Votre enfant racontera alors aux copains de la classe ce qu’il a fait avec le lapin au cours d’une séance de langage. Vous pouvez aussi écrire, sous sa dictée, sur une feuille, comme s’il s’agissait d’une lettre que Lapin Bleu adresse à la classe.

Merci de votre participation.

La maîtresse