samedi 10 mai 2008

ATELIERS D' ECRITURE

J'avais bien entendu adressé Catastrophe d'anniversaire à Ilya Green dont j'avais trouvé les coordonnées par Internet. Elle m'avait très vite répondu par un message d'encouragement qui m'invitait à poursuivre. Elle avait fait preuve d'une grande générosité en joignant trois superbes images qu'elle n'avait pas encore exploitées dans un livre.


J'ai évidemment tenu les élèves informés de cet épisode en leur apportant les images. Je leur ai proposé d'écrire une ou plusieurs histoires en rapport avec elles, leur promettant de continuer à faire le lien avec l'illustratrice. Ils étaient très enthousiastes. J'ai travaillé toujours seule avec eux, en demi-classe, en février et mars 2008, mais cette fois aussi bien avec les élèves d'Eric (qui avaient été à l'origine de Catastrophe) qu'ensuite avec ceux d'Isabelle (qui découvraient l'univers d'Ilya Green).

L'imaginaire tournant assez vite en rond, j'ai testé une nouvelle méthode.

Je suis partie de l'hypothèse qu'une histoire existait et que nous devions la (re)trouver, un peu comme si nous avions devant nous la dernière image d'un film dont le tournage venait d'être achevé. J'ai constitué à chaque séance deux groupes de 6 à 7 élèves, assis autour d'une table hexagonale, au milieu de laquelle se trouvait une des trois images et une seule. A la manière d'une enquête policière chaque élève était invité à poser une question à propos de l'image. Son voisin de gauche devait donner, de façon la plus spontanée possible, une réponse plausible.

Si j'ai adopté cette façon de questionner c'était
  • pour que chaque enfant s'exprime (il était obligatoire de répondre quelque chose, comme également de poser immédiatement une question à son voisin)
  • pour que chacun se sente libre et non jugé (cela allait trop vite pour qu'on dise c'est bien ou c'est bête)
  • pour qu'on soit à ce stade dans une profusion et qu'on ne se "contente" pas d'une idée donnée par quelqu'un et qu'on pousserait au bout
Le mot "plausible" est essentiel car je voulais obtenir un matériau abondant dans lequel il y aurait "forcément" des pépites que nous exploiterions ultérieurement. Mais le temps, comme souvent, a manqué pour parvenir à travailler ensemble.

J'ai tenu absolument à faire aboutir le projet, par respect pour les élèves, et parce que, même si les histoires n'étaient pas extraordinaires il valait mieux cela que rien du tout. Je prenais en note sur des feuilles de brouillon, in extenso, tout ce qui se disait (sans magnétophone) un peu comme on le fait en maternelle en dictée à l'adulte.

Je précise que j'ai bien essayé de les laisser écrire eux-mêmes (je ne pouvais pas matériellement me trouver au même moment aux deux tables pour copier tout ce qui se disait) mais le résultat, trop souvent illisible ainsi qu'on peut en juger sur l'exemple que j'ai scanné, m'a conduite à privilégier mes prises de notes. J'ai donc tout remis au propre, bout à bout, réordonné image par image, en intégrant ce qui était exploitable de leurs textes, en supprimant uniquement les doublons et en cherchant à tirer ce qui pouvait ressembler à un fil conducteur.

Le résultat aurait sans doute été "meilleur" si j'avais fait de larges coupes mais je n'ai pas "osé" retirer une idée plutôt qu'une autre puisque mon objectif principal n'est pas tant que l'histoire soit bonne (ce qui est forcément celui d'un auteur) mais que tous les enfants y trouvent leur compte (je dirais même leur conte). Mon objectif secondaire était de leur témoigner combien l'écriture est difficile en général et qu'il était donc normal que ce le soit pour eux (et pour moi), MAIS AUSSI qu'il ne faut pas s'arrêter parce que le chemin est dur, et que l'écriture apporte des satisfactions.

Je ne sais pas du tout si je recommencerai comme cela. Ces moments là furent en tout cas riches (et joyeux) avec ces élèves-là. J'ai bien entendu envoyé les histoires à Ilya Green qui les a appréciées et qui m'a autorisée à les mettre en ligne avec ses illustrations. Elle suggère plutôt ensuite de laisser les élèves rédiger leur propre histoire, en se servant des "matériaux" qui ont été révélés lors de la séances des questions...

Elle s'attache à la dimension poétique quelle qualifie de "vraiment très chouette..." Par contre son œil exercé juge la narration un peu distendue. D'un côté c'est un inconvénient, mais de l'autre ça laisse la place aux cheminements poétiques des enfants, qui est une piste intéressante bien qu'assez différente.

Elle a estimé que ça pourrait être bien de mettre en valeur cette forme un peu "déambulatoire" où on se laisse porter un peu comme dans la pensée au gré des idées, des questionnements, des impressions... Au cours d'une conversation téléphonique elle m'a interrogée sur mon intention de faire un petit livre ou quelque chose comme çà ... conseillant de jouer sur la typographie et les couleurs pour accentuer certains passages, et pour finalement accepter de s'en charger pourvu que nous ayons la patience d'attendre parce qu'elle est en train de finir son prochain livre. C'est une grande chance de pouvoir mener ainsi le projet vers un terme plus artistique et je pense qu'un tel petit livret constituera une précieuse motivation pour de futurs travaux d'écriture.

Dans cette attente, et pour lire les histoires dans leur version "simple", cliquez sur le titre souhaité :

Trêve de dinosaures

Recette de rêve

Tous les chats sont dans la nature


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