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dimanche 10 février 2008

AU PIED DE LA LETTRE

Ce n’est pas parce qu’on a une pratique régulière de la dictée à l’adulte que l’enseignant peut solliciter ses élèves pour écrire une lettre avec succès. Ainsi en témoigne ce dialogue, inspiré d’une mésaventure où mon amie Claire a joué le rôle principal.

Attention, pour savourer les dialogues il vous faut les lire à haute voix.

Les élèves de Moyenne Section (4 ans) avaient fait des cartes de vœux pour les parents. Il en restait plusieurs. La maîtresse proposa d’en écrire une. A qui ? Les élèves furent unanimes pour demander à écrire à Vincent, l’élève qui avait déménagé le mois précédent:

La maîtresse : on va écrire une lettre à Vincent. Je vous écoute. Comment est-ce qu’on peut commencer une lettre ?

Justine : C

La maîtresse écrit C’est

Pierre : S

La maîtresse efface et écrit au tableau Est-ce

Noriane : Q

La maîtresse reprend l’élève : on dit Est-ce que

Ibrahim : T

La maîtresse ajoute t’es. On peut lire au tableau Est-ce que t’es

Puis, après un long silence, elle relance les élèves : Bon, t’es quoi ?

Elle regarde la classe et ne peut s’empêcher de juger : Mais çà ne veut rien dire. Je ne peux pas écrire une lettre comme çà !
Elle doit avoir un regard implorant parce que la petite Khoury lance à tout hasard X

La maîtresse comprend alors ce que le mot lettre signifie pour ses élèves : la suite de l’alphabet … tout simplement …

Et que plusieurs sont homonymes de mots, pouvant créer des quiproquos comme par exemple

C E G D H L M O P R S T qui peuvent s’entendre comme

C’est euh j’ai des hache elle aime eau pet air est-ce t’es

mercredi 23 janvier 2008

La dictée à l’adulte et le cahier de vie

Voici un grand classique de l’école maternelle. Beaucoup d’enseignants (et de parents) pratiquent cet exercice sans savoir que cela s’appelle ainsi, comme monsieur Jourdain faisait de la prose.

La dictée à l’adulte obéit à une procédure codifiée, qui est détaillée page 74 et suivantes du document d’accompagnement des programmes du 25 janvier 2002 que l’on peut lire en ligne ou télécharger au format PDF/Acrobat reader


On peut aussi suggérer aux parents d’écrire sous la dictée de leur enfant dans le
non moins classique Cahier de vie qui accompagne l’élève dans sa famille chaque vendredi soir. Cependant cela pose plusieurs problèmes :

- tous les parents ne sont pas assez à l’aise pour écrire ; ils peuvent manquer de temps, ou même d’envie ;

- il ne se passe pas toujours quelque chose de suffisamment important pour mériter de figurer dans le cahier de vie ;

- l’exploitation de 20 à 30 réponses chaque lundi matin en classe entière est irréaliste, avec le risque de décevoir l’élève et de lui faire perdre sa motivation à écrire ;

Avec l’amélioration de l’outil informatique, les enseignants conçoivent des comptes-rendus de sorties et d’activités pédagogiques de plus en plus sophistiqués, illustrés de belles photos. C’est important en effet que tous les élèves, y compris dans les quartiers défavorisés, puissent conserver des traces agréables à lire. Mais est-ce qu’une maman qui n’a pas d’imprimante couleur à sa disposition, est-ce qu’un papa qui maîtrise mal le français, vont oser écrire dans ce cahier de vie ?

Il y a une dizaine d’années mes enfants ramenaient de l’école des cahiers « bricolés » avec des stencils tirés sur du mauvais papier à l’encre violette. Nous n’avions aucun complexe à y coller des croquis, des tickets de cinéma et à relater des évènements familiaux illustrés par des dessins d'enfants.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai mis en place le cahier de vie du doudou de la classe. Selon les années ce fut un ours, un lapin, une poupée… Chaque enfant accueillait au moins une fois le doudou chez lui.

Il n’y avait pas obligation ensuite à raconter quelque chose … mais la plupart des familles se livraient à l’exercice. Les comptes-rendus des visites étaient lus en classe puis affichés, puis archivés dans un classeur par ordre chronologique et laissés à la disposition des familles. Il y avait inévitablement toujours 2 ou 3 familles qui n’écrivaient rien. J'essayais alors que l’élève me dicte un message.

Voici, pour ceux qui voudraient faire de même, un exemple de texte explicatif à destination des parents (fixé par une épingle nourrice au sac en tissu contenant le doudou, en l’occurrence ici un grand lapin en tissu écossais bleu) :

Il y a dans la classe un lapin que les enfants ont appelé <Lapin Bleu ». Cet animal accompagne un enfant chez lui chaque mardi soir et chaque vendredi soir.

Aujourd’hui, Lapin Bleu part avec .....................

Merci de le ramener le prochain jour d’école.

Votre enfant racontera alors aux copains de la classe ce qu’il a fait avec le lapin au cours d’une séance de langage. Vous pouvez aussi écrire, sous sa dictée, sur une feuille, comme s’il s’agissait d’une lettre que Lapin Bleu adresse à la classe.

Merci de votre participation.

La maîtresse

dimanche 20 janvier 2008

PREMIERE PAGE D’ECRITURE

J’ai grandi avec l’injonction de ne pas gâcher. Aussi c’est naturellement que je récupère du papier de brouillon pour les dessins libres de mes élèves. En général ce sont des tirages de photocopies apportés par les parents, sauvés in extremis de la poubelle. Donc des feuilles comportant un texte sur une face seulement.

Je me suis vite rendue compte que si cela choque (un peu) certains autres parents qui préfèreraient recevoir en fin de journée des dessins réalisés sur de belles feuilles blanches qu’ils prendraient plaisir à encadrer, par contre les élèves sont très motivés par ce matériau.

J’ai remarqué qu’ils utilisaient sciemment le coté imprimé pour tracer des arabesques entre les lignes, colorier certaines lettres, faire des petits traits qu’ils appellent « signature ». Tout enseignant ressent avec une émotion immense ce moment où son petit élève brandit une feuille en criant : regarde j’ai écrit … . Une émotion semblable à celle qu’on vit devant les premiers pas de ses propres enfants ou leur premier éclat de rire.

Un jour, j’ai trouvé sur un trottoir un vieux bureau d’écolier, de petite taille, avec un pupitre et sa chaise assortie. Cela m’a donné une idée. Je l’ai nettoyé, encaustiqué et apporté en classe. J’ai glissé des feuilles et un crayon à l’intérieur et ai proposé à mes élèves de Petite Section le travail suivant :

Quand j’ai envie d’écrire, je pose mon étiquette prénom sur le petit bureau qu’on appelle écritoire.
Je soulève le plateau.
Je prends une feuille et le crayon à papier.
Je pose ma feuille dans un sens ou dans l’autre et j’écris ce que je veux.
Quand j’ai terminé, je demande à la maîtresse d’écrire en haut « ma première page d’écriture libre » et en bas mon prénom avec la date.
Après je peux ranger la feuille dans mon casier et replacer mon étiquette.

Spontanément, ils sont venus, sans qu’il soit nécessaire de les y pousser, lorsqu’ils en avaient le temps et l’envie. Aucune dispute autour de l’écritoire. Chacun respectait le copain pendant son travail d’écriture et attendait que la place soit libre pour s’y installer. Avec le sérieux d’un pape, ils se tenaient droit et écrivaient comme des grands.

Si bien qu’une stagiaire un jour s’est étonnée que ce ne soit pas lisible …. Evidemment à 3 ans on ne sait pas écrire, au sens propre du terme. Mais on sait déjà –si on a observé des adultes- qu’écrire c’est tracer des signes de haut en bas et de gauche à droite, sur une page, avec un outil qu’on appelle « outil scripteur », terme qui désigne aussi bien le crayon que le stylo que le feutre ou le pinceau …

J’ai du récolter plusieurs centaines de pages tout au long de l’année qui ont toutes les caractéristiques de l’écriture. Sans aucun rapport avec des dessins libres ou ce que les enfants eux-mêmes appellent des crapouillages (pour gribouillages). Je suis certaine que les élèves avaient réussi à faire parfaitement la différence.

L’écrit avait sa place dans la classe. J’encourageais toutes les initiatives. Je commentais mes propres gestes lorsque j’écrivais devant eux. Et jamais je n’ai déchiré une de leurs productions en la jugeant indigne. Lorsque c’était particulièrement « loupé » je proposais de recommencer plus tard et ensuite l’élève choisissait le travail qu’il estimait le meilleur pour le conserver dans son classeur. Je le félicitais largement devant les parents de manière à ce qu’ils comprennent eux aussi ce qui était attendu.

dimanche 13 janvier 2008

Comment faciliter l'écriture ?


Quelle situation proposer à des élèves pour leur faciliter l’écriture ?

Au lieu d’une rédaction sur un sujet fictif (lire ici http://www.charmeux.fr/ecrire.html ) pourquoi ne pas entamer une correspondance avec des personnes réelles et connues ou faciles à rencontrer ? En l’occurrence entre des écoles proches géographiquement mais différentes en termes de population et de niveau de classe.


Cette réponse qui semblait toute simple s’est révélée complexe dans sa mise en œuvre. Parce que c’était méconnaître toutes les implications sous-jacentes à l’acte d’écrire. Mais ce fut aussi le moyen de les mettre à jour puisque en fait le but de la recherche était surtout d’explorer les freins et les motivations à écrire dans un cadre scolaire.


Ecrire une lettre n’est pas du tout facile.

Sans doute parce que dans notre inconscient collectif se sont imprimées un grand nombre de lettres douloureuses : la lettre anonyme d’un corbeau malveillant, l’avis d’imposition, la lettre de dénonciation en temps de guerre, la lettre de licenciement, le faire-part de décès.

Tels étaient les termes du début de l’intervention que j’avais rédigé pour le Salon de l’école quand j’ai reçu par Internet une bien curieuse lettre : voir "Lire entre les lignes"


samedi 12 janvier 2008

QUELQUES PISTES BIBLIOGRAPHIQUES POUR DES ADULTES ET DES ELEVES …


Je reviendrai ultérieurement sur plusieurs titres, mais j’ai voulu sans plus attendre donner une liste qui s’inscrive dans les programmes de l’Education nationale et qui permette quelques échappées !

Des essais où il est question d’écriture :

Comme un roman de Daniel Pennac, Gallimard, 1992

Les mots de Jean-Paul Sartre, en particulier le chapitre Ecrire, Gallimard, 1964

Ecrire de Marguerite Duras, Gallimard, 1993

Des lettres (réelles ou fictives)

Les lettres persanes de Montesquieu

Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet,1869

La correspondance de Mme de Sévigné

Un printemps froid de Danièle Sallenave

Lettre d’une inconnue de Zweig

Des romans présentés comme des journaux intimes (réels ou fictifs)

Le journal d’Anne Frank, qui serait le livre le plus traduit et le plus vendu au monde, après la Bible

Out of Africa de Karen Blixen

Le Scaphandre et le papillon de Jean-Dominique Bauby (récemment, sorti au cinéma), superbe récit autobiographique de quelqu’un qui ne pouvait plus écrire avec ses mains et qui a ouvert une autre voie en inventant la dictée d’un texte par clignement d’une paupière

Plus spécialement pour des jeunes lecteurs :

Titres empruntés à la liste préconisée pour le cycle 2 :

Un album sans texte (parce que paradoxalement il va contraindre à créer une histoire) comme par exemple Ce jour là de Mitsumasa Anno, Ecole des loisirs, qui est un ouvrage utilisable aussi en cycle 3, voire même au collège, tant il est riche de références culturelles

Une Bande Dessinée Le bonhomme de neige de Raymond Briggs, Grasset Jeunesse (qu’on peut mettre en relation avec la version cinématographique)

Dans la catégorie Poésie et jeux langagiers, les abécédaires Rêve-moi une lettre d’Anne Bertier, MeMo, qui présente le monde des alphabets dans une trilogie graphique.

Les trois abécédaires mettent en place une déclinaison choisie du rouge de Chine, de l’indigo et de l’espace blanc du papier, pris en compte comme une couleur lui aussi.

Titres empruntés à la liste préconisée pour le cycle 3 :

Quatre albums :

  • Le type, de Philippe Barbeau, ill par Fabienne Cinquin, édité à l’atelier du poisson soluble, 1999, 48 pages, 21 cm x 14 cm

Moi, rien ne m'énerve plus qu'un type qui ne sait pas sourire, alors j'ai ramassé un caillou, oh pas plus gros qu'une noix et je le lui ai jeté.

  • Le Petit Navigateur illustré, d’Elzbieta, Pastel, Ecole des loisirs, 1992, 12 pages,23 cm x 33 cm

La mer est immense, il faut bien les 12 mois de l'année pour la parcourir en entier. De janvier à décembre, le navigateur avisé s'aidera de son almanach pour dénicher, à coup sûr, le trésor du capitaine Kidd, s'entretenir familièrement avec l'éléphant du Pôle, ou entendre chanter la lune. Chaque mois, une histoire lui révélera d'autres mystères maritimes : passager clandestin, pieuvre géante, sirènes, Willy Willies, ou l'étrange secret du bateau fantôme... Bon voyage!

  • Lettres des Isles Girafines, d’Albert Lemant, Seuil, 2003,

En 1912 commence une épopée fantastique, qui durera cinq ans, dans les Isles Girafines. À travers les lettres de Lord Marmaduke Lovingstone, parti à la recherche du peuple mythique des Girafawaras, le monde de Girafawaland se dessine. Émerveillé par ses découvertes, l’explorateur emmène ses troupes peu à peu vers la folie.

  • La rédaction d’Antonio SKARMETA, illustré par Alfonso Ruano, Syros Jeunesse

Trois romans

  • Je t’écris de Geva Caban, Gallimard, (première édition 1987).

C’est l’été. Deux enfants ont juré de s’écrire tous les jours. Tous les jours une fille écrit une lettre puis attend le facteur. Le roman raconte comment va évoluer la promesse. C’est aussi une histoire d’amour qui se construit et se déconstruit…

  • Le journal d’un chat assassin, d’Anne Fine, Ecole des loisirs, 1997, qui a aussi publié Comment écrire comme un cochon, Je ne sais pas quoi écrire, Madame Doubfire ou Quand papa était femme de ménage, Bébés de farine …

  • Le coupeur de mots. de Hans Joachim Schädlich, Flammarion-Père Castor

en s’affranchissant de ces préconisations on pourra ajouter

Les aventures de Pierre Lapin de Béatrix Potter (version livre et version cinéma)

Lettres d’amour de 0 à 10 de Suzy Morgenstern, collection Neuf, Ecole des loisirs, 1996

Dans les dernières pages du livre, on trouve une très belle lettre d’un père qui explique à son fils de dix ans pourquoi il l’a abandonné à la naissance.

pour un lectorat de collégiens (et outre les titres annoncés en début d’article) :

La lettre déchirée, roman d’Ella Balaert, Castor poche Flammarion, 1997

Une lettre de Calamity Jane à sa fille dans sa correspondance (il y en a une dans le manuel

A mots ouverts 4e, Nathan).

La lettre de Groucho Marx à sa fille datée du 3 octobre 1946 (Manuel Français 4e en séquences, Magnard)

Une lettre extraite d'Un printemps froid de D. SALLENAVE (Manuel A mots ouverts 4e, Nathan)

Lettre à sa mère de Saint-Exupéry (manuel Français Textes et Séquences 4e, Delagrave)

N’importe quelle lettre parmi les 9 magnifiques Lettres à une disparue de Véronique MASSENOT (en Argentine, une mère écrit à sa fille disparue, enlevée par les militaires de la dictature)

Les lettres des grands découvreurs, par ex lettre à Luis de Santangel (février-mars 1493) de Christophe Collomb,

Sans oublier la Lettre de Guy Moquet et autres lettres de fusillés

en sortant du champ littéraire pour entrer dans …

le domaine musical classique, la variété ou le slam dont on peut espérer des créations très personnelles :

La lettre à Elise de Beethoven

Monsieur le Président, de Boris Vian

J’écris faux, je chante de la main gauche, de Benoit Dorémus

La lettre à mon père, d’Abd Al Malik

La lettre, de Renan Luce (pour voir le clip ou écouter la chanson cliquer ici)

dans celui de la peinture :

Les lettrines des illustrations des Riches Heures du Duc de Berry

Les lettres, livres posés sur une table dans un tableau de Rembrandt

Plusieurs toiles des peintres cubistes et du mouvement Dada, comme Braque et Picasso, le plus souvent par l’intermédiaire de collages.

Quelques tableaux de Paul Klee, de Joan Miro

Magritte et son fameux « Ceci n’est pas une pipe »

Grey Alphabets de Jasper Jolins en ­1956

Roy Liechtenstein et d’autres peintres du Pop Art

Arman, avec Trois mois de courrier de Pierre Restavy

Les œuvres de Ben

Par ailleurs on peut aussi se référer à Jackson Pollock ou Henri Michaux dont le travail s’apparente à la calligraphie.

Des artistes jeunes et accessibles ponctuent aussi leurs oeuvres de messages codés.


Peintre et créateur textile, Patrick Pinon évoque une pellicule de parole et de couleur sur le monde pour définir son travail.






Laurence Moussel multiplie les expériences artistiques en tant qu’illustratrice et peintre, de plus en plus orientée vers l’abstraction. Elle conserve probablement la marque de son premier métier de graphiste .... puisqu’il lui arrive de glisser quelques lettres sur un tableau comme un rêve.

Tous les deux ont le contact facile avec des classes … et avec leurs enseignants.

Le détour par la peinture peut amener les élèves à s’intéresser autrement à l’écrit. Soit en les emmenant dans un musée. Soit plus simplement en les faisant visiter un atelier d’artiste avec qui ils vont pouvoir nouer des liens.