samedi 9 février 2008

LA SCIENCE-FICTION, UN GENRE QUI STIMULE L’ECRITURE

Pédagogique, la science-fiction l’est aussi dans sa mystérieuse capacité à créer. Les grands lecteurs de science-fiction fondent leur clubs puis leurs magazines, s’y essayant d’abord à la critique avant, fréquemment, de se lancer à leur tour dans l’écriture. Les enseignants le savent bien qui, lors du lancement d’un atelier, se voient parfois répondre quand ils demandent aux enfants ce qu’ils aimeraient écrire : « de la science-fiction ! »

Prudent, l’enseignant les oriente vers des textes moins novateurs : le conte, bien sûr mais aussi le récit court ou les jeux poétiques.

Mais voilà : les enfants ambitionnent souvent une dimension romanesque que le temps, les moyens et les capacités des élèves empêchent de mettre en œuvre. Par ailleurs la science-fiction est un genre délicat à manier : il ne suffit pas d’un décor spatial et de quelques extraterrestres pour obtenir un récit authentique. Trouver une hypothèse originale demande du temps et du travail ; encore faut-il qu’elle tienne la route et mérite d’être travaillée ! Les auteurs le savent bien, qui parfois se contentent de la dimension d’une nouvelle car ils savent que l’exploitation du thème ne pourra pas aller très loin. Lors d’un éventuel passage à l’écriture, il faut aussi veiller à ce que les jeunes auteurs ne répètent pas les poncifs de certaines séries télé. Science-fiction ne signifie pas batailles galactiques ni ET envahisseurs. A cet égard, il est indispensable de décoder les symboles sous-jacents d’un récit en cours de rédaction : imaginer un décor de science-fiction, c’est refaire le monde, devenir démiurge et posséder un pouvoir, certes littéraire, sur des personnages qui ont un poids plus important qu’à l’ordinaire. En effet, dans un récit habituel l’action des héros ne bouleverse que ses amis ou ses ennemis, sa famille, son entourage. Dans la science-fiction c’est souvent une société entière qui est en cause. En faire prendre conscience aux jeunes écrivants peut aussi être l’occasion de leur montrer le pouvoir de l’écriture, et de leur faire découvrir les symboles qui se dissimulent sous l’action ou les relations de personnages.

Et si l’on se contente de faire lire de la science-fiction à des jeunes, il serait dommage de ne pas en profiter pour approfondir et décoder tous les thèmes que le récit aborde et qui ont été listés et explicités dans le chapitre 3 (page 43 et suivantes), quitte à passer par une recherche documentaire … un complément culturel que les auteurs du XIX° siècle introduisaient ipso facto dans leurs récits !

Extrait du livre de Christian Grenier,

La science-fiction à l’usage de ceux qui ne l’aiment pas,

dans la collection La littérature jeunesse, pour qui, pour quoi ?

sous la direction d’Hélène Montardre,

paru en 2003 aux Editions du Sorbier

J'avais présenté ce livre sans avoir le temps de m'y attarder lors du Salon de l'école et je suis heureuse d'avoir la possibilité d'en publier un extrait in extenso plutôt que de le paraphraser. Je remercie le groupe La Martinière qui m’a autorisée à reproduire ici les pages 129-130 du livre de Christian Grenier, un ouvrage passionnant, facile à dévorer, extrêmement documenté, où les enseignants de cycle 3 puiseront des trésors d’idées.

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